Frida Hyvönen

Théâtre de l’Usine

Une chanteuse venue du froid se doit-elle de posséder une voix aussi diaphane que son teint est translucide ? On finissait par le croire. Frida Hyvönen prouve le contraire. Mieux, elle démontre sur son magnifique deuxième album que l’alternative ne consiste pas forcément à verser dans le jazzy gnangnan ou la «björkerie». Cette Suédoise-ci se passe de minauderies, confiant à sa voix puissante et habitée le soin de porter ses mélodies fortes et ses paroles glaçantes, qu’il s’agisse du récit clinique d’un avortement (December) ou du rejet émouvant d’un amour d’enfance (Dirty Dancing). Sa musique n’a pourtant rien de déprimant. Car si l’habillage des chansons (un piano dominant, des cordes ou des choeurs par moments) évoque parfois la splendide solennité de This mortal coil, l’ensemble distille une ambiance tristement enjouée. Telle une cousine scandinave de Regina Spektor, notre « riot girl » slave préférée, Frida chante en anglais. Avec juste cette pointe d’accent troublant qui lui permet d’allier charme, mystère et gravité. Et de nous conquérir tout entier.