François Virot

Théâtre de l’Usine

Vous ne le savez peut-être pas encore, mais ce lyonnais super actif a, ces dernières années, passé plus de temps sur la route que vos trois groupes préférés réunis. Ainsi, en sus des disques de Clara Clara (avec qui il joue de la batterie), notre garçon a déjà bricolé, emballé, scotché pas moins de 17839 démos pour les vendre à la sauvette au fond des caves et des appartements. Yes Or No, premier album fraichement sorti sur Clapping Music, constitue moins un premier pas discographique qu’une somme en or massif de jours, de semaines, de mois, d’années d’activisme adorable. On peut y entendre, selon les moments, un raout folk joyeux ou hyper mélancolique, un leurre de grande réunion pourtant jeté sur la bande dans une solitude totale, des descendances beatles-iennes et pavement-iennes, souvent mêlées, et puis la même verve qu’Animal Collective (n’en jetons pas, vous y penserez sûrement, François aime bien crier derrière votre tête et taper sur sa guitare comme s’il jouait au fin fond d’une forêt sauvage). Enfin, vous y entendrez une voix, singulière et précieuse. Ceux qui l’ont vu brûler une fois en concert, dans une cave ou un appartement donc, le savent, François doit grimacer pour hululer; pourtant, ses chants ne s’apparentent jamais à des geignements : du plus profond de sa gorge, sa voix doucement saturée de matières s’installe et lévite dans votre oreille, l’harangue sans vraiment la violenter.